Les études longitudinales se font rares; elles sont le fruit de chercheurs ambitieux et visionnaires. L’étude Harvard pour le développement de l’adulte vise à identifier de quelles manières les expériences de vie et les caractéristiques personnelles d’un individu influencent sa santé mentale et physique. Pour se faire, les chercheurs (médecins, psychologues, anthropologues et sociologues) ont répertorié pendant 75 ans les évènements marquants (mariage, divorce, réalisation, échecs, etc.) de la vie de 814 personnes ainsi que leur adaptation à ceux-ci.
Les résultats
Dr. Robert Waldinger est le directeur actuel du projet de recherche.
Selon lui, pour réussir votre vie, vous devez accomplir quatre tâches essentielles:
- Vous séparer de vos parents et développer votre propre identité;
- vous engager dans un projet professionnel correspondant à vos habiletés et vous donnant accès une certaine reconnaissance;
- faire l’expérience d’une relation intime et stable pendant au moins dix ans;
- développer une ouverture à l’autre et faire profiter de vos réussites et de votre développement à la prochaine génération.
En d’autres mots, le bonheur ne nécessite pas (ni n’exclut!) le succès, l’argent, l’intelligence ou la beauté. Il suffit de savoir qui l’on est personnellement et professionnellement, aimer (vraiment) quelqu’un, et faire don de soi.
Pour rester longtemps heureux et en santé, on doit savoir qui l’on est personnellement et professionnellement, aimer (vraiment) quelqu’un, et faire don de soi.
L'étude mise aussi en relief plusieurs observations sur lesquelles il mérite de s’attarder:
- Avec l’âge, les sujets de l’étude déformaient inconsciemment leurs souvenirs pour correspondre à l’image qu’ils avaient d’eux-mêmes à un moment donné;
- la dépendance à l’alcool et à la drogue précède les situations difficiles telle une perte d’emploi ou une rupture amoureuse et non l’inverse;
- avoir une vie de couple stable dans la cinquantaine a autant de poids que d’avoir eu une enfance heureuse.
Du point de vue de la santé mentale, ces observations tendent à confirmer les intuitions psychodynamiques contemporaines concernant l’importance de la personnalité et de l’identité.
Elles démontrent comment l’identité influence, souvent malgré nous, nos souvenirs et le sens que nous allons donner à ceux-ci. Si vous vous définissez comme une personne heureuse, aimante et courageuse, vous pourrez ressentir la fierté d’avoir survécu à un père alcoolique, une compassion face à sa souffrance et la vôtre, un amour pour les moments de gentillesses dont il a fait preuve et peut-être une certaine gratitude pour vous avoir ainsi révélé votre force de caractère.
Elles établissent la primauté des facteurs endogènes (votre perception des évènements) sur les facteurs exogènes (ce qui vous arrive). Contrairement à la croyance populaire, vous ne vous estimez pas parce que vous réussissez un examen; vous réussissez l’examen parce que vous vous estimez. Vous êtes donc, la plupart du temps (laissons une place aux imprévus), artisan de votre propre bonheur. Accuser vos parents, vos amis, votre amoureux, votre patron, votre thérapeute, le gouvernement, la société ou le destin pour vos malheurs ou vos échecs ne fait que maintenir votre détresse et gaspiller votre énergie.
Elles affirment que le besoin de l’autre est une composante primordiale d’une identité et d’une personnalité équilibrée. Vous ne pouvez y échapper: si vous voulez vivre heureux, vous devez trouver un moyen de vous attacher à quelqu’un, de l’aimer et de vous laisser aimer…longtemps. Le besoin de l’autre doit faire partie de votre identité; ni la drogue, ni la réussite, ni la célébrité ni une action d’éclat ne changera ce fait.
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