J'ai rédigé la version originale de cet article en anglais pour la Newsletter des membres de l'ISTFP d'avril 2023. Le texte était alors destiné aux membres de la Société Internationale de Psychothérapie Focalisée sur le Transfert. Je vous propose cette traduction afin que les francophones puissent également bénéficier de ce témoignage éclairant sur les effets d’un conflit armé sur la pratique de la Psychothérapie Focalisée sur le Transfert. Je m’excuse à l’avance aux lecteurs qui n’auraient pas les connaissances nécessaires sur les troubles de la personnalité et leur traitement pour pleinement apprécier ce texte. J’espère remédier graduellement à ces lacunes théoriques à travers d’autres articles que je publierai sur mon blog. Pour l’heure, je vous suggère de lire cet article sur la définition générale de la personnalité et celui sur le tempérament.

En février 2022, l’Ukraine était envahie par son puissant voisin. Voilà maintenant deux ans que nous assistons avec horreur et tristesse, à la lutte du peuple ukrainien pour protéger leur vie, leur patrie, leur culture et leur identité.

Dans cet article, je vous invite à découvrir Oleksii Lemeshchuk, chef du groupe TFP-Ukraine (PsychothérapieFocalisée sur le Transfert-Ukraine). Avec ouverture et générosité, il nous éclaire sur les défis rencontrés dans la pratique de la Psychothérapie Focalisée sur le Transfert dans un pays en guerre.

La rencontre avec Oleksii et ses compatriotes

 Mon premier contact avec Oleksii s'est fait par l’entremise d’un courriel lors des fêtes de 2022. J'avais alors décidé de le contacter après avoir découvert, à travers les échanges de vœux chaleureux entre membres, que la Société Internationale de Psychothérapie Focalisée sur le Transfert comptait désormais un groupe ukrainien. J'ai alors pensé que leur perspective sur la nature humaine et la pratique de la Psychothérapie Focalisée sur le Transfert dans un contexte aussi difficile serait unique.

Il m'a rapidement répondu et a manifesté un enthousiasme pour le projet. Nous avons convenu d'une rencontre en visioconférence avec un interprète, afin de nous assurer que la langue (Oleksii parle anglais mais sa langue natale est l’ukrainien) ne limite pas l'expression de la profondeur de ses pensées.

Au moment convenu, j’ai contacté Oleksii et son interprète. J’ai d’abord été agréablement surpris par la luminosité de son bureau. En y repensant, je me demande si je ne m'attendais pas à n'y voir que noirceur et désespoir. Le peu de temps passé avec lui m'a montré que la lumière peut s'immiscer même dans les pires situations, apportant avec elle l'espoir d'un avenir meilleur.

En parlant avec lui, j'ai rapidement attribué sa résilience au fait d'avoir passé toute son enfance dans un pays communiste. Peut-être que cette exposition précoce à un environnement hostile l'a préparé à mieux s'adapter aux horreurs de la guerre. Alexis me raconte alors combien il était dangereux, à l’époque, de dévier de la pensée de Marx et Lénine.

C'était une période où chacun devait se conformer aux ordres et être entièrement obéissant, raconte Oleksii Lemeshchuk.


C'était une période où chacun devait se conformer aux ordres et être entièrement obéissant, raconte Oleksii Lemeshchuk.


Pour cette raison, avoir des discussions intimes et parler de ses problèmes n'était pas permis. Les réflexions personnelles qui auraient pu conduire à une compréhension profonde de soi-même étaient dangereuses. On risquait d'être arrêté ou tué pour avoir des pensées jugées interdites. De plus, comme les services psychiatriques étaient utilisés pour contrôler les dissidents du parti communiste, demander de l’aide pouvait rendre suspect aux yeux de vos voisins et amis. En conséquence, de nombreuses personnes se tournaient vers la drogue et l'alcool comme seul moyen de soulager leurs souffrances.

Malgré ce contexte, la pensée critique d'Oleksii l'a conduit à s'intéresser aux émotions et aux comportements de ses semblables. Malheureusement, en raison de la situation politique, il n'a pu étudier la psychologie qu'après la dissolution de l'Union soviétique en 1991. L’événement historique a conduit à une plus grande liberté de pensée et d'action, ouvrant la voie à ses diverses études en psychologie. Ce n'est cependant qu'en 2010 que la psychologie est véritablement devenue populaire en Ukraine.

Avant la guerre

Oleksii est psychologue depuis 15 ans. Bien que l’étude et la pratique de la psychologie se soient développées rapidement depuis 2010, le système public n’offre aucun service en santé mentale. C'est pour cette raison que les psychologues exercent en pratique privée, et que les patients paient eux-mêmes leur traitement, car aucune assurance ne couvre les services psychologiques. Ceux qui ne peuvent pas payer reçoivent un traitement pharmacologique à travers le système psychiatrique d'État. Bien que plusieurs changements très positifs se sont produits dans la société ukrainienne, il est toujours difficile pour les personnes âgées de demander de l’aide. Heureusement , la nouvelle génération est plus ouverte à leurs émotions et disposée à chercher de l'aide en cas de besoin.

Le premier contact d’Oleksii avec la Transference Focused Psychotherapy c’est fait à travers un enseignant qui utilisait les théories de Kernberg et Kohut pour parler du narcissisme. Il s’est immédiatement intéressé aux théories de Kernberg qu’il trouvait rationnelles et bien articulées. À cette époque, il n’aurait jamais rêvé d’assister à un séminaire avec lui. À partir de 2015, il était présent pour tous les séminaires qui se sont déroulés en Russie et en Ukraine.

C’est finalement en 2017 qu’il a pu intégrer le programme de formation TFP organisé par des collègues russes sous la direction de Frank Yeomans. Sur les 400 participants à ce programme, 15 étaient originaires d’Ukraine. Il a ensuite été l’un des cinq participants à rejoindre un groupe régulier de supervision composé de Russes et d'Ukrainiens.

Pendant sa formation, il mijote le projet de créer un groupe TFP en Ukraine, mais il le repousse en attendant sa certification officielle.

Puis, l'Ukraine est attaquée.

Être thérapeute TFP en temps de guerre

 Les premiers effets de la guerre se sont fait sentir dans le groupe de supervision d'Oleksii dans la soirée du 24 février 2022. Plus tôt dans la journée, la Russie avait envahi le territoire ukrainien. Le groupe de supervision était alors composé de trois ukrainiens et trois russes sous la direction d’une superviseure américaine. Plusieurs psychothérapeutes russes étaient aussi présents comme simples observateurs. En cette soirée de février, les Ukrainiens devaient présenter leur cas clinique, mais ils étaient trop submergés par le choc et la frustration provoqués par les événements des dernières heures. Oleksii se rappelle avoir ressenti la pente dangereuse du clivage qui les entraînerait dans une vision dichotomique de la situation. Heureusement, Monica Carsky, la superviseure du groupe, ainsi que les collègues russes présents, leur ont témoigné un immense support. Certains d’entre eux pleuraient, consternés par ce qui était en train de se produire.


Ces réactions lui ont permis de préserver une vue nuancée du monde où tous les Russes ne sont pas nécessairement mauvais et tous les Ukrainiens ne sont pas nécessairement bons.


Lors de notre entrevue, Oleksii a souligné à maintes reprises l’importance qu’ont eu ces témoignages spontanés de soutien de la part de ses collègues russes car il en a été profondément touché. Ces réactions lui ont permis de préserver une vue nuancée du monde où tous les Russes ne sont pas nécessairement mauvais et tous les Ukrainiens ne sont pas nécessairement bons. Son expérience nous permet de mesurer l’influence qu’exerce la réalité externe sur notre capacité à maintenir la neutralité technique. Elle nous rappelle l’importance de préserver cette position thérapeutique en cultivant, dans notre vie privée, des relations qui préservent notre capacité à vivre des expériences relationnelles nuancées. Elle souligne également comment une attitude honnête et compatissante envers les collègues dans un groupe de supervision soutient les capacités réflexives de l'ensemble du groupe.

Selon Oleksii, le groupe dirigé par la superviseure Monica Carsky est devenu, dans le contexte, essentiel pour chacun de ses participants. Leur expérience collective est même devenue un sujet de discussion lors de leurs rencontres. Cette expérience a convaincu Oleksii que le bien-être psychologique découlant de relations où dominent l’amour et l’amitié peuvent aider les individus à surmonter même les pires situations. Il n'est pas surprenant que ce groupe, composé à la fois d'Ukrainiens et de Russes, ait continué à se réunir régulièrement pendant un long moment après le début de la guerre.

Cependant, même les meilleurs sentiments peuvent s’éroder lorsqu’on les expose à un stress constant. C’est ce qui est arrivé à Oleksii et d'autres thérapeutes ukrainiens qui n’ont pas pu tolérer de poursuivre leur évolution au sein de la communauté TFP russe tandis que le régime de Poutine continuait à bombarder les villes ukrainiennes et à tuer leurs compatriotes.

Oleksii a donc été contraint d'avancer son projet et de créer immédiatement un groupe TFP en Ukraine. À ce jour, son groupe est formé de 14 membres, dont quatre à Odessa, trois à Kiev, deux à Kharkov, un à Dnipro et un à Lougansk. Trois ont quitté le pays. La situation à Kharkov est la plus désastreuse, car la ville, située à 50 km de la frontière russe, subit quotidiennement des bombardements et des tirs d'artillerie. Dnipro est également dans une situation difficile car, situé à quelques kilomètres de la ligne de front, elle est fréquemment bombardée. Au moment d’écrire ces lignes, Odessa, où vit Oleksii, se trouve à 200 km des combats.

En dépit des défis, TFP-Ukraine a réussi à organiser deux séminaires avec Dr Kernberg. Le premier était un séminaire général sur les troubles de la personnalité et le deuxième plus spécifiquement sur le trouble narcissique. Plus de 200 thérapeutes ukrainiens y ont assisté. Le groupe prévoit réaliser d’autres projets ayant pour objectif de promouvoir et diffuser la Psychothérapie Focalisée sur le Transfert dans tout le pays. Pour beaucoup de gens, il pourrait sembler surréaliste d'étudier en temps de guerre, mais c'est la réalité ukrainienne – la guerre n'est pas un obstacle à la vie.

TFP en temps de guerre

Même dans une ville relativement sûre, les événements qui se déroulent ailleurs dans une autre région peuvent avoir un impact profond sur tous les citoyens. Par exemple, lorsqu'un missile touche un immeuble résidentiel dans des villes comme Dnipro, Kharkov ou même Odessa, les gens à travers tout le pays partagent des sentiments de tristesse et de colère. Malgré la destruction causée par le conflit en cours, les habitants de Kharkov et d'autres villes touchées font preuve d'une résilience remarquable et travaillent sans relâche pour reconstruire après chaque attaque.

J'ai demandé à Oleksii de me parler de l’exercice de la psychothérapie dans des circonstances aussi extrêmes. Il m’a expliqué qu'au début de la guerre, de nombreux patients cherchaient de l'aide pour des traumatismes émotionnels, ce qui a poussé les psychothérapeutes ukrainiens à se porter volontaires pour former des centres de crise qui poursuivent toujours, à ce jour, leurs activités thérapeutiques.

Cependant, à mesure que le conflit s'est prolongé, les patients ont commencé à chercher de l'aide pour des difficultés émotionnelles de longue durée, exacerbées par le conflit en cours. Fait intéressant, certains patients qui étaient auparavant réticents à s'engager dans une psychothérapie étaient maintenant motivés à aborder des problèmes de longue date.

Avant notre entretien, je me suis demandé à quel point il devait être difficile pour un thérapeute TFP pratiquant en Ukraine d'appliquer, en de telles circonstances, les principes de base de la Psychothérapie Focalisée sur le Transfert.

L’une de mes préoccupations concernait le processus d'évaluation, notamment la difficulté à différencier les symptômes du trouble de stress post-traumatique et ceux de trouble de la personnalité.

Selon Oleksii, le facteur-clé permettant de différencier les symptômes des troubles post-traumatiques de ceux des troubles de la personnalité consiste à observer les signes persistants de diffusion de l'identité. Pour poser un diagnostic précis, il est crucial de se renseigner sur les émotions, les comportements et les relations interpersonnelles du patient avant le début de la guerre. Ces informations peuvent fournir un aperçu précieux de leur personnalité de base et aider à différencier les deux troubles.

J'ai également demandé à Oleksii quel impact a eu le conflit sur l’application du traitement. Il a reconnu que le maintien d'un contrat de thérapeutique s’est avéré un défi important. Pour le surmonter, il a développé l’habitude de réévaluer rigoureusement le cadre de traitement en se posant des questions du type «quoi» et «pourquoi». Voici quelques exemples :

  • Quoi: Le patient ne s’est pas présenté à la rencontre. (brisant ainsi un paramètre du traitement).
  • Pourquoi : Il aidait des voisins dont la maison a été endommagée par un bombardement. Il ne s’est pas levé ce matin car il trouve que la thérapie est une perte de temps.

Cela lui permet de déterminer si un patient réagit au cadre de traitement ou réagit à des situations réelles.


Même les patients ayant des structures de personnalité dysfonctionnelles tendent à se comporter de manière adaptée dans la situation actuelle.


J'ai été étonné d'apprendre d'Oleksii que même les patients ayant des structures de personnalité dysfonctionnelles tendent à se comporter de manière adaptée dans la situation actuelle. Il a également noté que ces patients se distinguent de ceux ayant des structures de personnalité fonctionnelles en affichant un déni significatif de l'impact émotionnel de la guerre. Par exemple, ils peuvent décrire des actions comme faire leurs bagages ou quitter leur domicile, mais ne discutent pas de leurs réactions émotionnelles face au conflit.

Il est intéressant de noter que les patients narcissiques, en particulier, semblaient moins perturbés ce qui pourrait s'expliquer par le fait que leur pire crainte – l'effondrement de leur soi grandiose – s'est déjà réalisée, par exemple en raison de la faillite ou d'autres événements similaires. Tout indique qu’ils mobilisent leur énergie à défendre de leur grandiosité plutôt que de réagir à la destruction des villes et aux pertes de vies. Ces observations suggèrent que, même dans des situations extrêmes, l'anxiété structurelle et les mécanismes de défense psychiques continuent d’avoir préséance sur l’adaptation à la réalité. Paradoxalement, nous devons conclure qu’un trouble de la personnalité semble protéger les individus des souffrances réelles engendrées par la guerre.

Il est néanmoins crucial de souligner que les patients atteints de troubles de la personnalité ne sont pas épargnés par les effets traumatiques d'un conflit armé. Un tel contexte peut mettre à l'épreuve les défenses caractérielles d'un patient et entrainer une désorganisation de la structure de personnalité. Il en découlera un dysfonctionnement important mais peut aussi permettre, avec l’aide d’un thérapeute qualifié, des changements structurels positifs.

Par exemple, Oleksii a observé que l'effondrement du moi grandiose expose certains patients narcissiques à des expériences émotionnelles nouvelles qui offrent la possibilité de s’engager dans un travail thérapeutique significatif. Néanmoins, les thérapeutes doivent faire preuve de prudence dans leurs interventions, car des interprétations et des confrontations trop rapides ou trop profondes peuvent accentuer la dissociation plutôt que de soutenir l’intégration identitaire.

J'ai également été surpris d'apprendre qu'Oleksii ne considère pas l’activation de relations d'objets paranoïaques comme une réponse adaptative normale à la guerre, sauf peut-être pour les soldats en première ligne engagés dans des actions militaires. Pour les civils et les patients en thérapie, de telles dynamiques ne constituent pas une réponse saine. Au contraire, il a observé une augmentation de de l’investissement narcissique de l'identité ukrainienne (culture et traditions) dans la population générale. Serait-il normal de surestimer son identité collective quand celle-ci est menacée? La question est bien légitime.


En temps de crise, l’identité culturelle semble offrir stabilité et sécurité.


Les observations d’Oleksii semblent le suggérer. En temps de crise, l’identité culturelle semble offrir stabilité et sécurité. Il constate que cette réaction collective engendre l'émergence de deux groupes distincts reflétant les dynamiques narcissiques sous-jacentes. En diabolisant les Russes, le premier groupe cherche un sentiment de supériorité et une validation de leur identité ukrainienne Le second groupe, en revanche, reconnaît les complexités de la situation et comprend que tous les Russes ne sont pas responsables des actions de leur gouvernement. En n'idéalisant pas leur propre identité et en ne diabolisant pas les autres, ils montrent une approche plus saine de leur identité et de leurs relations. Oleksii souligne l'importance de reconnaître ces dynamiques en thérapie et dans la société.

Selon lui, les deux groupes jouent un rôle social important. Le groupe le plus radical favorise une compréhension et une appréciation plus profondes de la culture ukrainienne, ce qui peut être précieux pour préserver et promouvoir l'identité du pays. Le second groupe, plus intégré et démocratique, prévient la radicalisation et suscite la coopération et la compréhension entre les différents groupes. Il suggère que les deux groupes ont avantage à s’engager dans un effort commun pour s’enrichir mutuellement et construire une société plus forte et plus unie.

Comment pouvons-nous aider ?

En préparant l'entretien, j'ai consulté des membres du comité de relations publiques et de communication de l’ISTFP pour recueillir les questions qu'ils avaient pour Oleksii. La très grande majorité se questionnait sur la manière avec laquelle ils pourraient aider la communauté Ukrainienne. Voici la réponse d'Oleksii, dans ses propres mots :

 « Pour nous, il est très important de savoir qu'il y a, sur cette planète, des gens sur qui nous pouvons compter. Il est essentiel d’avoir la conviction que nous pouvons parler à quelqu'un, partager avec quelqu'un qui nous comprendra. Je tiens donc à remercier Monica Carsky et Frank Yeomans pour leur soutien professionnel et émotionnel. Nous sommes aussi très reconnaissants envers les excellents superviseurs TFP Jos von Mosel des Pays-Bas et Katarzyna Gwozdz de la Pologne qui nous guident dans le traitement des cas difficiles lors des groupes de supervision. 

Je voudrais également souligner que les connaissances que j'ai acquises en TFP, notamment la compréhension du fonctionnement de la psyché humaine, m'aident à traverser la situation actuelle. Je suis donc très reconnaissant à tous ceux qui sont impliqués dans la création et le développement de l'ISTFP. »

Oleksii Lemeshchuk, Responsable de TFP-Ukraine

Eh bien, Oleksii, comme nous en avons discuté lors de notre entretien, vous avez le soutien émotionnel indéfectible de tous les membres de l'ISTFP. Nous sommes profondément attristés par la situation que vous traversez, et nous nous engageons à rester à vos côtés jusqu'à ce que vous soyez enfin en sécurité.

Nous attendons avec impatience le jour où nous pourrons vous rencontrer en personne, vous serrer la main en signe d'amitié, et écouter et apprendre à connaître votre peuple.